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La marche, « À tous les enfants seuls »

La marche est un court-métrage de 29 minutes  réalisé par Yadia Mor-Jougan, un cinéaste, scénariste, graphiste et enseignant Camerounais. 

En compétition lors de la 23e édition du festival Ecran Noir à Yaoundé, où il réside, Yadia Mor-Jougan reçoit le prix Écran du Court Métrage de l'Afrique Centrale avec son film.

 

Photographie extraite du court-métrage “La Marche”

Seul et solitaire face à l’humain peu sensible, Talom, un garçon de 10 ans, cherche à communiquer avec les choses et la nature. Mais la frontière qui lie le monde invisible au monde visible est masquée. Le lien qui semblait lier Talom à ses parents morts, est brisé.

La Marche est un court-métrage dramatique à la croisée de la réalité et du fantastique. Talom a perdu ses parents, il se trouve désormais seul livré à lui-même. Errant dans les rues de Yaoundé, il cherche désespérément à entrer en contact avec ses parents défunts, via la nature. Sur son chemin, le garçon croise des personnes hostiles et distantes. Invisible aux yeux des autres et perçu comme un paria errant, Talom perd foi en la vie, foi dans le bonheur. Il devient étranger dans son propre pays. 

 

« A tous les enfants seuls  »

Le film se termine sur cette phrase touchante : « À tous les enfants seuls ». Yadia Mor-Jougan dresse un miroir tragique des enfants seuls de Yaoundé, ignorés de tous. 

À Yaoundé, l'existence des enfants délaissés est souvent liée à une histoire familiale : décès, divorces, alcoolisme, châtiments... La rupture familiale et communautaire, souvent sur fond de pauvreté, conduit ces enfants à quitter leur foyer. Certains quittent leurs villages pour s'établir en ville. Faute d’assistance, ils deviennent des enfants de la rue et y demeurent.

Sans domicile ni rattachement communautaire, les enfants s'approprient de façon paradoxale les centres-villes. Or, disposer d'un domicile, posséder un espace privé permettrait de revendiquer une place dans la société, en se définissant par sa position dans l'espace social. Mais comment se définir sous le statut “d’enfant de la rue” ?  Vivre dans un espace public, y être cantonné, c'est être voué à l'éphémère, à la merci des autres. 

De plus, privé de toit, ces enfants perdent toute affiliation à un espace de proximité en rapport avec une communauté. Ils incarnent l'individu en rupture avec le système. 

Bien évidemment, le rôle des parents dans tout cela, est déterminant. Un enfant, pour se construire et se réaliser, à besoin de s’identifier à des personnes qui lui ressemblent ainsi que de vivre dans un environnement sain. 

 

Focus sur Yadia Mor-Jougan

Yadia Mor-Jougan a étudié l’histoire et l'économie du cinéma à l’université de Yaoundé. Aujourd'hui, il est doctorant en économie du cinéma et moniteur dans la section des Arts du spectacle et cinématographie à l'Université de Yaoundé ainsi qu’à l'Université de Bamenda au Cameroun. Exerçant des fonctions de consultant dans plusieurs structures locales, il dispose d’une expérience professionnelle en réalisation et en écriture de scénario, infographie et montage de films. Il a à son actif plus de 7 courts-métrages : “Réaction” 20' 2010, “La Noèse” 8' 2011, “Entre Chair et âme” 3' 2013, “La Marche” 29' 2018, “Marbah: le retour malgré soi” 26' 2015, “Les poules" 4' 2018.

 

 

Retrouvez La Marche sur notre plateforme OAFF (Online African Film Festival) du 15 novembre au 15 décembre 2019 et profitez de plus de 30 films exclusifs sur le thème du rêve africain. https://oaff.cinewax.org/ 

Soum Gassama, rédactrice Cinewax





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